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L’art d’expliquer les phénomènes scientifiques

Attila Csörgő est un artiste hongrois ayant réalisé plus d’une vingtaine d’œuvres dans le monde entier. Il est l’auteur de « Squaring the circle », un travail observable à l’université Paris Diderot dans le bâtiment Condorcet

 

L’importance du mouvement

Attila Csörgő n’est pas qu’un simple peintre ou sculpteur, c’est surtout un artiste inspiré du mouvement, de la physique et des mathématiques :« Ce que je fais est un art visuel très fortement influencé par la géométrie, la physique, l’optique et l’ingénierie. Presque tout le temps, mes œuvres possèdent des formes géométriques comme des triangles, des cercles ou bien des polyèdres. Elles sont mises en mouvements, transformées en d’autres formes, elles sont tout le temps en transition ». Attila se reconnait dans cette vieille phrase grecque : « Panta rhei » (tout est en mouvement) et signale l’importance de ce concept dans la vie de tous les jours.

L’artiste n’était pas prédestiné à la sculpture, il a originellement étudié la peinture mais selon lui : « La structure de ce langage artistique n’était pas assez expressive. Je ne faisais pas passer de message assez puissant à travers la peinture. J’avais besoin de quelque chose de plus défini tourné vers le mouvement. C’est assez obscur ou métaphorique de dire qu’une peinture "ne marche pas/ne fonctionne pas"  alors qu’au contraire cela devient évident pour une sculpture ».

 

Les origines de l’oeuvre

« Deux physiciens du laboratoire d’astroparticules, Pierre Binetury et Stavros Katsanevas m’ont contacté en 2011 à travers la méditation de Jerome Poggi du programme des Nouveaux Commanditaires. L’idée originelle de Pierre et Stavros était de réaliser une œuvre pour l’anniversaire de la découverte faite à Paris sur les astroparticules. Je les aie accueillis dans mon studio puis ils m’ont guidé à travers le labo et montré leur projet afin que je puisse cerner l’œuvre que j’allais mettre en place » nous confie Attila.

S'il a choisi comme titre « Squaring the circle » c’est pour une bonne raison. Métaphoriquement il fait référence à un très vieux problème grecque. Aujourd’hui on utilise cette expression comme un synonyme de « en vain » ou encore « tenter l’impossible ». 

Mais l’impossible n’est pas dans le vocabulaire de notre artiste hongrois puisqu’il l’a fait même si cette création lui a pris 2 ans. Il nous précise : « Au départ j’ai essayé de la modéliser dans un espace virtuel sur mon cahier de notes mais ce n’était pas chose facile et je me suis résolu à la modélisation informatique. Ensuite la construction du miroir est devenue une histoire compliquée lorsqu’il a fallu tester plusieurs matériaux réfléchissants ».

 

Un résultat impressionnant

Réussir à rendre un cercle carré n’était en effet pas tâche facile mais une fois relevé ce défi l'œuvre d’art est à couper le souffle. Il est difficile de comprendre comment fonctionne le travail de l’artiste avant de l’avoir observé quelques minutes.

« Les comportements étaient semblables à ce que j’imaginais. C’est une situation inhabituelle d’observer un cercle qui possède une ombre carrée et les premières réactions sont toujours : "Mais comment est-ce possible ?" C’est une structure ouverte, rien n’est caché pour que les visiteurs puissent résoudre cette "énigme". Disons que tout l’œuvre est basée sur le fait qu’il faut voir les choses selon une perspective différente et il y a d’ailleurs un endroit où le cercle paraît carré et où l’ombre paraît circulaire » s'enthousiasme Attila.

Le laboratoire d’astroparticules est un lieu important dans le réseau scientifique puisqu’il accueille beaucoup de physiciens du monde entier. Attila se dit donc honoré d’avoir travaillé en collaboration avec le laboratoire : « C’est déjà un grand honneur pour moi si ces scientifiques trouvent mon travail intéressant, inspirant ou veulent juste découvrir comment elle fonctionne. Nous vivons dans une période très fragmentée : les artistes ne travaillent qu’avec des artistes et les scientifiques travaillent entre eux aussi. Les interactions sont malheureusement très rares cependant quelques fois naissent des échanges de procédés intelligents ».

 

 

« Ce que l’on voit c’est une structure lumineuse avec quatre éléments : Un bulbe, un miroir à 3 dimensions très spécial, un cercle soutenu par une jambe en métal et une ombre en forme de carré sur le sol. La surface du miroir reflète la lumière de la lampe en dessous de lui de manière à ce que les rayons prennent d’abord la forme d’un cercle, ils pénètrent ensuite plus loin dans l’œuvre pour atteindre le sol et forment une ombre carrée ». Attila Csörgő, SquaringTheCircle