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La ville, nouvel eldorado des abeilles

 

Toutes les espèces d'abeilles pollinisent plus de 80% des plantes à fleurs de notre planète. Sans elles, un tiers de notre nourriture n’existerait plus.

Depuis plusieurs années, les abeilles - tant sauvages que domestiques - tendent à disparaître dans nos campagnes à cause des pesticides utilisés dans l’agriculture. Des scientifiques ont remarqué que les abeilles se sentent mieux en ville, où elles peuvent trouver de nombreuses plantes ornementales. Pour elles, la pollution urbaine serait moins nocive que les pesticides agricoles. Il est donc très important de faire cohabiter au mieux abeilles domestiques et abeilles sauvages dans les villes. De plus, grâce à la diversité des fleurs qu’elles peuvent y butiner, le miel des grandes villes est reconnu pour ses qualités gustatives. 

Les abeilles sont devenues les reines du bitume. Avec près de 600 ruches installées, elles sont présentes dans tout Paris. Les entreprises et les institutions veulent toutes produire leur miel. Bonne conscience écologique ou effet de mode ? Aujourd’hui on s’interroge sur l’impact de l’installation d’un grand nombre de ruches en ville.

À Paris Diderot, Jean-Pierre Frangi, chargé de mission développement durable a lancé le « Plan Miel » en 2012. Ce projet prévoit l’installation de 10 ruches sur les terrasses des bâtiments du campus Paris rive gauche. D'autres ruches pourront être installées à la station d'écologie forestière à Fontainebleau. Mais avant cela, il a été décidé que des études préalables seraient lancées afin de « tester » la faune et la flore sauvages existantes. Le projet a alors pris une véritable dimension scientifique et pédagogique avec l’implication des étudiants du master Écologie-Biogéosciences d’Isabelle Dajoz.
 
« Il faut avant tout bien comprendre que les abeilles domestiques ne servent pas forcément à sauvegarder l’environnement. Afin de mieux comprendre comment peuvent cohabiter en ville abeilles domestiques et abeilles sauvages, l’université fait des expérimentations sur huit sites différents dans Paris, dont notamment le campus PRG. Les résultats montrent que les abeilles domestiques vont se focaliser sur la flore ornementale alors que les abeilles sauvages vont se déplacer vers la flore sauvage. » explique Isabelle Dajoz, professeure à l’UFR sciences du vivant et à l’Institut d’Écologie et des Sciences de l’Environnement de Paris. 
 
Dans chacun de ces huit sites Parisiens, la diversité de la faune pollinisatrice est analysée grâce à trois dispositifs :

- Des hôtels à abeilles sauvages qui comprennent quatre types d’habitat différents. Ils permettent de déterminer quelles espèces d'abeilles sauvages viennent y nicher et s'y reproduire,

- Des inventaires réguliers de la faune grâce à l’utilisation de pièges à insectes installés sur les différents sites. Cela permet d’identifier les espèces présentes dans chaque localité,

- L’observation régulière de l'activité de butinage sur la flore des parcs et jardins entourant chacun des sites (comme le jardin des Grands Moulins). Ceci permet de mesurer la contribution des abeilles sauvages et des abeilles domestiques à la pollinisation.

 

Ainsi, sur le campus Paris rive gauche, Isabelle Dajoz et ses étudiants ont observé une baisse du nombre d’abeilles sauvages entre 2014 et 2015. Baisse qui pourrait s’expliquer par le nombre de ruches installées récemment dans ce nouveau quartier (Banque populaire, Ministère et même certains particuliers).
«  Cette tendance doit être confirmée. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons prolonger ces observations sur ce site, parallèlement à l’introduction des ruches qui sera prévue pour le printemps 2016. » explique Isabelle Dajoz.

Ceci permettra de déguster le miel « Paris Diderot » tout en travaillant à faire cohabiter aux mieux abeilles sauvages et domestiques en ville. 
 

 
À savoir 

Il y a plus de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde et près de 1000 en France. Une seule de ces espèces est domestiquée pour la production de miel, l'abeille domestique (Apis mellifera). 
 
 

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